SociologieS • Livraison du printemps 2024

2024 nous offre sa première livraison, particulièrement riche. Le Dossier, qui en constitue l’épine dorsale, nous fait entrer dans les arcanes du monde universitaire, côté sombre. Il nous invite en effet à examiner les effets de la mise en place et du développement d’une forme de « capitalisme académique » sur ses marges, c’est-à-dire sur les actrices les plus fragilisées et les moins à même de répondre à ses exigences, les femmes. Quatre articles très différents viennent nourrir tant la rubrique Théories et recherche (sur la sobriété numérique, sur une plate-forme d’e-santé et sur l’écriture empathique en sociologie) que la rubrique La recherche en actes (sur une méthode d’analyse de l’endettement et de la santé mentale). Deux grands résumés alimentent également cette livraison, l’un du dernier ouvrage de Sabine Chalvon-Demersay, Le Troisième souffle, l’autre de l’ouvrage de Julien Larrègue, Héréditaire, co-lauréat en 2021 du Prix du premier livre de l’AISLF. Enfin, la rubrique Découvertes/Redécouvertes nous propose de découvrir un sociologue portugais, qui a réalisé une des premières analyses du salazarisme en tant que système politique et réalité sociale.
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AISLF • Les 100 ans de Guy Rocher : un sociologue bienveillant, toujours attentif aux enjeux contemporains

Le 20 avril 2024, nous célébrions le centième anniversaire de Guy Rocher ! Il participa à la création de l’AISLF et fut élu membre du bureau de 1959 à 1965. Son nom est associé à des travaux remarquables en théories sociologiques : pensons entre autres à son Introduction à la sociologie générale parue en 1968-1969 ou à Talcott Parsons et la sociologie américaine, 1972. Ces travaux ont permis la diffusion de la sociologie à travers la francophonie et au-delà. Il a aussi été un précurseur de la sociologie du droit (Étude de sociologie du droit et de l’éthique, rééditée en 2016) en proposant le concept d’effectivité du droit, dépassant ainsi la seule notion d’efficacité.
Au-delà de son apport exceptionnel à titre de professeur et chercheur universitaire, ce « géant de la sociologie » aura fait le pont entre le monde universitaire et l’action publique en participant à de multiples réformes qui auront « révolutionné » la société québécoise contemporaine. La Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec (Commission Parent) dont il fut membre (1961-1966) aura permis la création d’un modèle d’enseignement public accessible à tou·te·s à la grandeur du territoire : la création des cégeps (collèges d’enseignement général et professionnel) et le réseau des Universités du Québec en sont la marque innovante.
En prenant position de manière critique et dialogique sur les grands chantiers contemporains (notamment la démocratisation de l’éducation, la laïcité, la défense du français), il démontre l’inestimable apport de la sociologie à la vie de la Cité. Toujours attentif aux changements sociaux, Guy Rocher redisait lors d’une soirée hommage que les acquis sont toujours fragiles et que les enjeux requièrent une vigilance de tous les instants, incarnant ainsi l’idéal wébérien.
Nathalie Lewis, secrétaire générale en charge de l’internationalisation (Université du Québec à Rimouski) et François Rocher (Université d’Ottawa)
Voir le dossier publié dans le quotidien Le Devoir