Jean-François Cauchie
Jean-François Cauchie, Peines de travail. Justice pénale et innovation, Préface de Françoise
Digneffe, Bruxelles, Ed. Larcier, Dpt. de Groupe De Boeck S.A., Coll. Crimen, 2008, 308 p.
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Qu’elle apparaisse dans les hôpitaux généraux ou dans les maisons de force, sur les galères ou sur les
voies ferrées, dans les colonies ou dans les prisons, la mise au travail a souvent accompagné la sanction
pénale ou ses variantes. Plus récemment, elle a refait surface un peu partout en Occident, dans une
version a priori moins affligeante, celle des travaux communautaires. Ces derniers traduisent-ils un
passage de la cruauté au raffinement ? Ou symbolisent-ils plutôt un raffinement de la cruauté ? Dans la
modernité, peine rime souvent avec exclusion et souffrance, punition et stigmate. En serait-il autrement
avec les travaux communautaires ? Derrière la sanction se tient en fait un vaste débat : Peut-on punir
sans enfermer ? Peut-on sanctionner sans punir ? Peut-on dénoncer sans sanctionner ? Entre 1994 et
2002, les travaux communautaires belges sont mis à l’épreuve. Passés du statut de condition adossée à
d’autres mesures à celui de peine à part entière, ils constituent un baromètre idéal pour comprendre ce
que « prendre du galon pénal » veut dire. Leur observation ouvre une réflexion passionnante sur
l’innovation en matière de droit pénal et, plus globalement, de pénalité. Cette observation nous enseigne
au moins deux leçons : la durée, la visibilité et même la généralisation d’une innovation ne garantissent
aucunement sa survie ; c’est parfois là où l’innovation apparaît la moins évidente qu’elle est en fait la plus
vivante, et inversement.
Jean-François Cauchie , Sociologue et criminologue, professeur adjoint à l’Université d’Ottawa, est membre de ’AISLF.