Alain (Georges) Leduc
Alain (Georges) Leduc, Roger Vailland (1907-1965). Un homme encombrant, Paris, l’Harmattan, Coll. Socio-anthropologie, 2008.
Ex-surréaliste puis journaliste malheureux de l’être ; romancier communiste qui roulera en Jaguar à la fin de sa vie ; drogué, mais grand résistant ; alcoolique et libertin, mais amateur de cyclisme et bourreau de travail, l’écrivain Roger Vailland (1907-1965), qui avait très tôt commencé à opérer le « dérèglement de tous les sens » cher à son idole Arthur Rimbaud, aimait boire, adorait les femmes, le grouillement des terrasses de cafés. Et plaçait très haut son exigence d’écriture.
À cet homme complexe, on doit une mise à nu du bonheur et de l’abjection. Les seules choses qui ont toujours fait limite pour lui furent le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie. Vingt-cinq ans après sa mort, les pays du « socialisme réel » se sont effondrés. Les temps ont changé et les moyens d’oppression se sont successivement déplacés ; il est normal que les manières d’y contrevenir et les modes de mobilisation se restructurent.
Il est temps, il est urgent, de relire cet écrivain encombrant. Ne serait-ce pas le moment de le considérer enfin sans dogmatisme ? Face à la tragédie de l’Histoire, lire l’auteur des Mauvais Coups, de 325.000 francs, de La Loi (prix Goncourt 1957) ou de La Truite (roman porté à l’écran par Joseph Losey) est absolument nécessaire.
Alain (Georges) Leduc est membre de l’AISLF.