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Vendredi 29 mars 2024, 09h42

Source : https://www.aislf.org/spip.php?article1012


Lettre de l’Aislf n° 8 bis - octobre 2009

Dans le prolongement du dossier de la Lettre n°8, cette livraison est entièrement consacrée au cinquantenaire de l’AISLF.

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Éditorial

La dernière livraison de la Lettre de l’AISLF évoquait le premier demi-siècle de notre vie associative en invitant nos présidents d’honneur à mobiliser leurs souvenirs et leurs connaissances de ce passé à la fois proche et déjà lointain. Ce numéro 8bis poursuit ce travail de mémoire, en le limitant cette fois à quelques figures du Bureau provisoire de 1958.

Les deux premiers textes dressent brièvement les portraits intellectuels de Georges Gurvitch et d’Henri Janne, les deux acteurs principaux de la fondation de l’AISLF. Les trois autres donnent la parole à ceux qui sont encore là pour la prendre, Georges Balandier, Albert Memmi et Guy Rocher.

Chacun de ces textes contribue à sa manière à reconstituer le paysage politico-intellectuel de l’époque, en rappelant l’arrière-fond historique (la reconstruction économique, la guerre froide, les luttes anticoloniales), en situant les tensions idéologiques et épistémiques, en esquissant les enjeux relatifs à la sociologie comme discipline, à ses rapports à la philosophie, l’économie, la psychologie, l’histoire, à ses finalités, ses outils, etc. Beaucoup de sociologues d’alors avaient été formés dans des disciplines voisines et tous participaient avec des idées très diverses à la redéfinition accélérée du paysage des sciences humaines et sociales.

La création d’une Association internationale de sociologues de langue française (et non pas de sociologie francophone) avait dans ce contexte une signification politique évidente puisqu’elle visait explicitement à freiner des développements empiriques et fonctionnalistes alors dominants aux États-Unis. Mais le classique décalage entre visées et résultats est ici aussi au rendez-vous. Au sommet de sa gloire, la théorie parsonienne amorce son reflux dans son propre pays ; en France, celle de Gurvitch coule bientôt à pic dans les remous de 1968. L’AISLF n’y est probablement pour rien. Et si pendant une génération elle a peut-être freiné les ardeurs quantitativistes, elle s’est largement ouverte plus tard à divers interactionnismes à dominante qualitative qui ont prospéré sur le sol américain.

Peu importe, dirons-nous avec le recul ; l’essentiel est que notre Association ait offert un lieu où s’exprimer à des décalages internationaux et à des sensibilités théoriques originales et que par là elle ait encouragé un pluralisme qu’aujourd’hui comme naguère nous continuons à défendre.
André Petitat

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