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Vendredi 29 mars 2024, 06h56

Source : https://www.aislf.org/spip.php?article2383


Penser l’espace en sociologie. Enjeux théoriques et pratiques de recherche

Appel à communication pour un colloque qui se tiendra les 3 et 4 juillet 2014 à Tours (France)

Le CR 02 Sociologie urbaine. Villes, sociétés et action publique organise un colloque sur la sociologie et l’espace, en collaboration avec l’université François Rabelais de Tours, l’UMR CITERES (6173), le Centre Max Weber (UMR 5283, université Lyon II) et le Lab’Urba (université Paris-Est). Les propositions de communication sont attendues pour le 15 mars 2014 au plus tard.

La première journée sera consacrée à la présentation de travaux sélectionnés après appel communications (cf. ci-dessous). Lors de la seconde journée, plusieurs conférenciers invités reprendront la question centrale du colloque de façon à répondre notamment aux interrogations suivantes : pourquoi la sociologie a-t-elle longtemps délaissé la question de l’espace ? La sociologie urbaine doit-elle être redéfinie comme une sociologie de l’espace ? L’espace perd-il de son importance dans la structuration des sociétés humaines ? Comment situer la sociologie dans le mouvement contemporain de transformation de la pensée sur l’espace ? Avec les interventions (entre autres) de Martina Löw, Jean Remy, Anne Raulin.

Ce colloque vise à reprendre une question très présente chez certains pères fondateurs de la sociologie, à l’origine de plusieurs courants forts de la sociologie urbaine française, mais quelque peu délaissée depuis, celle du rapport entre sociétés et espaces. Cette question a été au cœur de la pensée de grands sociologues français ou francophones (Henry Lefebvre, Raymond Ledrut, Henri Raymond puis Jean Remy notamment). Elle nous revient par l’intermédiaire de chercheurs anglo-saxons, relecteurs d’Henry Lefebvre, et d’une chercheuse allemande qui propose la constitution d’une sociologie de l’espace : Martina Löw (auteure de Raumsoziologie, paru en 2007, traduit en anglais sous le titre Sociology of Space). Ces sociologues de l’espace, fortement inspirés par leur culture philosophique, ont eu le mérite d’affirmer qu’une théorisation de l’espace devait être au centre de la sociologie urbaine et de la sociologie en général. C’est cette réflexion que nous souhaitons reprendre aujourd’hui, en montrant ce qui fait son actualité.

Notre interrogation sur le couple espace/sociologie émerge d’un champ particulier de la sociologie, la sociologie urbaine, qui s’est nourrie de travaux dont l’espace est l’objet. Citons notamment : Espace et théorie sociologique de Jean Remy ; L’espace en question de Raymond Ledrut (1976) ; La production de l’espace de Henri Lefebvre ; L’architecture, les aventures spatiales de la raison de Henri Raymond (1984). Elle naît de la confrontation permanente à la question de l’espace, à la fois empirique et conceptuelle, interne à la sociologie urbaine. Mais elle est aussi liée à la nécessité de repenser sans cesse l’espace en relation avec les autres disciplines qui accordent à cet enjeu la même prééminence.

L’actualité de cette interrogation est notamment marquée par les positions fortes prises sur le rapport entre société et espace par des sociologues allemands, dont certains textes n’ont été traduits qu’en anglais. L’un des objectifs de ce colloque consiste à les faire mieux connaître en France. C’est pourquoi ce colloque sera en partie bilingue, francophone et germanophone.

Le questionnement sur la définition de l’espace apparaît également chez ceux qui font la ville, en particulier les producteurs de services, ceux qui opèrent dans le domaine de la ville numérique, certains designers, ou encore chez les théoriciens de la ville.

L’appel à communication porte sur trois grandes questions.
Axe 1 : Quelles sont les grandes mutations qui affectent le rapport entre espace et sociétés ?
Assiste-t-on, comme certains l’affirment, à une dé-spatialisation du social liée à la part croissante des TIC dans la construction des relations sociales ? L’amplification des différentes formes de mobilité spatiale est-il, comme le pensent certains sociologues (John Urry par exemple), un facteur de transformation radicale des sociétés humaines ? Quels sont aujourd’hui les modes de spatialisation et les espaces de la vie sociale des citadins ? Quelles sont les nouvelles formes spatiales de la stratification sociale ?

Axe 2 : Comment saisir l’espace dans l’analyse sociologique et singulièrement en sociologie urbaine ?
L’espace apparaît-il comme un facteur, une variable que l’on prend en compte –et dans ce cas, de quelle manière ? Quelles sont les « espèces d’espaces » des sociologues de la ville ? Comment délimite-t-on, définit-on, décrit-on un espace ? Comment le représente-on ? Comment les travaux de sociologie urbaine articulent-ils catégories sociales et catégories spatiales ? Comment les sociologues de la ville intègrent-ils les dimensions spatiales de la vie sociale à leurs analyses ? Se réfèrent-ils à des théories de l’espace qui conduisent à l’élaboration de problématiques et de méthodologies spécifiques, et dans ce cas lesquelles ? Comment dialoguent-ils avec les diverses disciplines qui s’intéressent à l’espace (de l’éthologie à l’ergonomie, en passant par la géographie et l’esthétique) ? Intègrent-ils, et si oui de quelles manières, les apports d’autres disciplines (SHS, philosophie, mais aussi mathématiques ou physique) à leurs démarches ?

Axe 3 : Qu’apporte la prise en compte de l’espace à la compréhension des phénomènes sociaux ?
Autrement dit, comment la prise en compte des dimensions spatiales des phénomènes sociaux contribuent-elle à éclairer (autrement) ces phénomènes ? Cette question peut notamment être illustrée par les travaux sur la stratification sociale qui s’intéressent à l’inscription spatiale des groupes sociaux et aux effets de cette inscription spatiale ; mais aussi à ceux qui mettent en évidence les dimensions spatiales de la famille, etc.

Les propositions qui envisagent la question de l’espace en sociologie à partir d’autres points de vue que ceux correspondant à ces trois axes pourront être examinées avec intérêt. Les apports et débat théoriques sont bienvenus du moment qu’ils éclairent la démarche sociologique. Les communications référées à des travaux empiriques seront appréciées.

Les propositions sont attendues pour le 15 mars 2014 au plus tard et doivent :
-  comporter un titre ;
-  le/s nom/s de/s l’auteur/auteurs ;
-  compter au maximum 3 500 signes ;
-  être accompagnées des coordonnées complètes de l’auteur principal ;
-  être envoyées par courriel aux adresses suivantes : marie-pierre.lefeuvre@univ-tours.fr ; jean-yves.authier@univ-lyon2.fr ; bourdin@msh-paris.fr

Les communications seront sélectionnées par un comité constitué de Jean-Yves Authier, Alain Bourdin, Dana Diminescu, Yankel Fijalkow, Oliver Frey, Annick Germain, Yves Grafmeyer, Marie-Pierre Lefeuvre, Joao Pedro Nunes, Nicolas Oppenchaim, Monika Salzbrunn. Dans un premier temps, un ensemble de 20 à 30 propositions sera retenu. Ensuite 8 à 10 propositions seront développées par écrit (sous la forme d’un article de 40 000 signes environ remis avant la tenue du colloque, en vue d’une publication) et présentées lors du colloque par leurs auteurs. Les autres recherches feront l’objet d’une présentation synthétique de la part des membres du comité de sélection.


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