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Mercredi 24 avril 2024, 16h34

Source : https://www.aislf.org/spip.php?article2595


Sociologie de l’intervention sociale - Déprofessionnalisation d’un métier, désinstitutionnalisation d’un secteur

François Aballéa

François Aballéa, Sociologie de l’intervention sociale - Déprofessionnalisation d’un métier, désinstitutionnalisation d’un secteur, Toulouse, OCTARES Éditions, 2014, 383 p.

Il est habituel d’opposer les logiques professionnelles et les logiques institutionnelles. Les premières réfèrent à la capacité du groupe professionnel à définir d’une façon autonome les règles de l’art du métier et ses références normatives et éthiques ainsi qu’à en assurer le respect. Les secondes s’inscrivent dans un rapport de subordination et de soumission du professionnel à l’institution qui l’emploie et lui impose ses objectifs, ses valeurs, sa culture. On parle de professionnalisation quand un groupe professionnel s’affranchit ou s’autonomise par rapport à l’institution qui le contrôle et, inversement, de déprofessionnalisation ou d’institutionnalisation quand l’institution accroît son emprise sur ses acteurs. On considère le plus souvent, aujourd’hui, que les logiques professionnelles déclinent au profit des logiques institutionnelles, entamant l’autonomie pratique, normative, juridictionnelle des praticiens et renforçant le poids des contraintes et des orientations des institutions même si peuvent s’observer quelques mouvements inverses.
En réalité, les rapports entre professionnalisation-désinstitutionnalisation d’un côté, et institutionnalisation-déprofessionnalisation de l’autre, sont beaucoup plus complexes. On peut en effet assister à un mouvement simultané de professionnalisation et d’institutionnalisation, d’institutionnalisation et de déprofessionnalisation - et au mouvement inverse - et enfin à un mouvement de déprofessionnalisation et de désinstitutionnalisation.
Bien qu’il faille distinguer selon les groupes professionnels, les institutions et les secteurs, il semble bien néanmoins que ce dernier mouvement se développe de plus en plus et que l’on assiste tendanciellement à un double processus de déprofessionnalisation et de désinstitutionnalisation.
Les divers métiers qui gravitent autour de ce que l’on peut appeler l’intervention sociale, le travail sur, avec ou pour autrui, même s’ils n’en n’ont pas l’exclusivité, illustrent cette dernière tendance génératrice de ce que l’on peut appeler l’anomie professionnelle. D’où le malaise qui les traverse parfois.

François Aballéa est membre de l’AISLF.


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