Date limite de soumission : 1er novembre 2020
Pour un numéro coordonné par Florence Bouillon, Marine Maurin et Pascale Pichon, la revue Espaces et sociétés lance un appel à contributions sur le thème : « Cohabiter dans la ville : troubles, résistances, coopérations ».
Thématique
Ce dossier d’Espaces et sociétés invite à explorer des situations de cohabitation dans la ville, le plus souvent involontaires, entre citadins, quels que soient leur statut – propriétaires et locataires, résidents d’établissements de logement ou de foyers d’hébergement. Nous entendons la notion de cohabitation au sens propre comme « le fait d’habiter ensemble » et dans un sens extensif, comme une organisation sociale de la sphère privée et intime en des lieux et selon des contiguïtés extrêmement divers. Cette organisation peut être ou non choisie. Elle ne garantit pas toujours la continuité d’un entre-soi familier, ainsi que le suggèrent les notions de « chez soi » ou « chez nous » : elle est soumise à des contingences économiques, aux inégalités sociales et aux empêchements d’accéder à un logement en propre, en particulier dans les grandes métropoles. Nous considérons par conséquent les formes de l’altérité qui s’incarnent dans les figures du pauvre et de l’étranger, telles que Simmel (1908) nous invite à les penser, afin d’examiner le continuum des relations de cohabitation, qui vont de la coprésence entendue comme une « activité concertée » (Joseph, 1998), éphémère mais néanmoins renouvelée, aux rapports de voisinage, dans toutes leurs nuances et complexités.
Trois pistes problématiques pourront notamment être saisies dans les propositions de contribution, afin de rendre compte des degrés d’engagement des co-habitants, allant de la « ville familière » (Agier, 2015) aux formes de sociabilités et d’urbanité qui se déploient et s’inventent dans le côtoiement entre inconnus :
Cohabiter au sein de l’espace domiciliaire, du « chez soi », « chez nous ». Comment s’inventent des formes de cohabitation entre non familiers, dans les espaces domiciliaires du squat, du centre d’hébergement, du foyer ? Selon quels principes, valeurs, ajustements ou aménagements des intimités ? Comment l’hébergement chez un tiers se traduit-il lors de l’accueil de l’étranger – immigrant ou sans-abri par exemple –, selon quelle hospitalité et dans quelle temporalité ?
Cohabiter au sein d’un quartier, ou encore au sein d’un immeuble. Comment se déclinent les interactions entre habitants, voisins, passants, en vue de quel ordre et selon quelles normes de cohabitation ? Comment s’expriment et s’incarnent dans des relations ordinaires des rapports sociaux structurant l’urbanité quotidienne ? Au-delà des enjeux de représentation de l’altérité, de quelles manières et selon quelles initiatives se constitue un entourage ? Quels types « d’aller vers », de lutte, de résistance, de mobilisations individuelle et collective sont développés en communauté de voisinage ? En quoi les attachements passés ou récents sont-ils partie prenante du projet d’habiter ici ou ailleurs ?
Cohabiter au sein des espaces publics. A l’heure où les dispositifs « anti-SDF » fleurissent dans les villes du monde entier, comment se négocient les coprésences itératives au sein d’un même espace, celui de la rue ou de la place par exemple ? Comment se manifestent des conflits d’occupation, et dans quelles circonstances observe-t-on a contrario des revendications collectives pour cohabiter ? Comment les lieux en sont-ils requalifiés ? Avec quelles instances et quels acteurs se définissent des stratégies d’occupation et de recours au droit ? Comment se négocient enfin les temps des cohabitations et selon quelles contraintes ou restrictions ?
Il est attendu des auteurs et autrices que les aspects touchant à la démarche et la posture de recherche, aux méthodes et outils mobilisés soient développés afin de rendre compte des caractéristiques de l’enquête et des terrains investigués. Démarche de type ethnographique, documentaire, statistique ou encore collaborative, toutes les approches de l’enquête en sciences sociales peuvent être mobilisées. Ces aspects méthodologiques pourront même constituer le cœur de la proposition. Comment observer, décrire, rapporter, investiguer cet objet difficilement préhensible que sont les cohabitations ? Par quelles méthodes et outils ? Comment rendre compte, et à qui ? Comment intégrer l’acte de réception à l’enquête ?
Modalités de soumission des articles
La revue ne demande pas de propositions d’articles, mais directement les articles complets. Les articles ne dépassent pas 42 000 signes (espaces compris) en incluant : texte, notes, références bibliographiques, annexes, mais hors résumés.
Les normes de présentation et les conseils aux auteurs sont disponibles sur le site de la revue.
Les articles seront envoyés avant le 1er novembre 2020 exclusivement en version électronique par courriel à Florence Bouillon, Marine Maurin et Pascale Pichon.