Alexandre Neumann
Alexandre Neumann, Après habermas. La théorie critique n’a pas dit son dernier mot, Paris, Editions Delga, 2015.
Dans son livre Après Marx, Jürgen Habermas a voulu reconstruire le matérialisme historique, afin de fonder une théorie sociale au XXe siècle. Il a cherché à transformer l’École de Francfort en une science de son temps. Au lieu d’une telle vision évolutive, consensuelle et universaliste, l’histoire a réservé des surprises. La crise capitaliste mondiale, le retour des mouvements, révolutions, espaces publics oppositionnels, ainsi que la résurgence des obsessions identitaires, sont des phénomènes qu’Habermas n’a pas prévus. Son modèle d’explication, qui devait assurer la base post-nationale d’une mondialisation démocratique, est en miettes. Après Habermas expérimente la même approche que celle qu’Habermas a appliquée au marxisme, en la poussant au bout.
Le résultat est une renaissance de la Théorie critique initiale, née au milieu de l’entre-deux-guerres, dans une Europe en plein doute. Dans un triple saut, Après Habermas rend pensable une issue : comprendre les raisons des premières critiques du bureaucratico-capitalisme, retisser un dialogue entre le travail, le faire et l’action, et enfin conceptualiser les espaces publics oppositionnels. Dans cette lancée, Alexander Neumann pointe les apports des auteurs historiques, vivants (Oskar Negt, Nancy Fraser, Axel Honneth) et saisit les correspondances franco-allemandes méconnues des penseurs français les plus connus (Bourdieu, Castoriadis, Foucault).
Alexandre Neumann est membre de l’AISLF.