AISLF

Événements AISLF en 2016

Des identités collectives : approches comparatives

5-8 novembre 2016, Tunis (Tunisie)

Un colloque se tiendra à Tunis du 5 au 8 novembre 2016 sur le thème « Des identités collectives : approches comparatives ».

Qu’entendons-nous par identité et qu’est-ce qu’une approche par les identités appliquée à des objets divers peut-elle apporter comme plus-value dans l’intelligence du social ? La littérature classique distingue entre identités pour soi et identités pour autrui, mais elle distingue surtout entre deux représentations de l’identité : une représentation essentialiste attentive à ce qui est censé rester le même en dépit des changements, aux similitudes et aux fidélités à soi et une représentation nominaliste centrée sur l’étude des modes d’identification contingents et historiquement variables au travers desquels se construisent des singularités et des appartenances partagées, sur la base d’un double processus de différenciation/généralisation (Dubar, 2000). Si, comme le souligne Claude Dubar, la sociologie serait naturellement plus encline à verser dans cette deuxième vision des choses, il n’en est pas moins intéressant d’apporter deux réserves à ce constat : d’une part, la prise au sérieux des logiques d’acteurs, elles-mêmes enracinées dans une définition essentialiste de l’identité, nous invite à attribuer à celle-ci une certaine efficace sociale et politique ; d’autre part, il est fréquent que les définitions essentialistes de l’identité viennent « polluer » la posture et le discours sociologiques à travers la revendication d’une sociologie qui tient compte des spécificités culturelles, mobilisant un appareil conceptuel en phase avec ce qui relèverait d’identités irréductibles.

Pourquoi cet intérêt renouvelé pour les identités ? Pourquoi interroger une fois de plus la question des identités collectives, notamment comme identités revendiquées ? Deux arguments au moins nous incitent à mettre cette question au coeur de la réflexion sociologique aujourd’hui. Dans les sociétés dominées par l’économie de marché, les identités nous rappellent qu’à « côté des choses que l’on vend et de celle qu’on donne, il en existe qu’il ne faut ni vendre ni donner, mais qu’il faut garder pour les transmettre » (Godelier, 2007). Les enjeux autour de l’identité sont des enjeux de reconnaissance qui signalent l’existence d’un « résidu » ne pouvant être subsumée sous le règne de l’ordre marchand et de la raison utilitaire. Par ailleurs, dans des configurations sociales fondées sur un pluralisme plus ou moins assumé, où se pose de manière frontale la question des conditions du vivre-ensemble et du faire-société, il est impossible de faire l’économie des questionnements ayant trait à la place des identités (minoritaires ou majoritaires) dans l’espace politique et à leur visibilité dans la sphère publique, avec ce qui en découle au niveau des engagements des individus et de leur mobilisation dans des actions collectives. En Tunisie aujourd’hui, la centralité du débat sur l’identité, dont les enjeux sont désormais disputés dans l’espace public, allant de pair avec l’institutionnalisation de revendications identitaires portées par des groupes minoritaires, montre tout le potentiel instituant des identités.

Dédié à une réflexion générale sur les identités à partir d’entrées aussi différentes que les mouvements religieux, le genre, l’appartenance locale, etc., ce colloque réserve un espace de débat à part aux « identités au travail », en hommage à Renaud Sainsaulieu. Une table-ronde consacrée à l’héritage de Sainsaulieu sur ce point, à laquelle participera bon nombre de collègues de l’AISLF qui ont eu la chance de le connaître de près et de se frotter à ses travaux, permettra de dégager les lignes de force de sa pensée et les voies qu’il a pu ouvrir dans l’étude du monde du travail.

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