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Livres parus en 2012

Institutionnalisation, désinstitutionnalisation de l’intervention

François Aballéa (dir.)

François Aballéa (dir.), Institutionnalisation, désinstitutionnalisation de l’intervention, Toulouse, Éditions Octarès, Coll. Le Travail en débat, Série : colloques et congrès, 2012, 366 p.

L’intervention sociale a été depuis ses origines, au début du XX° siècle, engagée dans une dynamique institutionnelle puisqu’elle n’a eu de cesse de se professionnaliser et de s’inscrire au sein des politiques sociales. Cette professionnalisation a revêtu des formes diverses selon les pays et les traditions nationales. Elle s’est appuyée sur la constitution et la transmission d’un savoir spécifique rompant plus ou moins avec le savoir profane, donc sur la constitution d’un appareil de formation, et l’organisation d’institutions de représentation (syndicats, associations professionnelles et, dans certains cas, ordre professionnel) promouvant la profession et en garantissant l’expertise et la déontologie. Pour parler vite, on pourrait dire que l’intervention sociale s’est institutionnalisée sous la dénomination de travail social. Cette volonté de reconnaissance et de légitimité a conduit ses promoteurs à chercher des appuis et à nouer des alliances avec les institutions qui, peu ou prou, intervenaient dans le champ de la régulation des rapports sociaux, institutions familiales, institutions de protection de l’enfance vulnérable, institutions d’aide et d’assistance aux adultes en difficultés, etc. Avec le développement de l’État providence, notamment après la Seconde Guerre mondiale, et d’une façon variable selon les pays, cette insertion du travail social dans le tissu institutionnel tissé par la puissance publique s’est intensifiée. Mais dans le même temps, fort de son expertise, de la légitimité de son système de références normatives et de sa reconnaissance sociale, le travail social a cherché à s’autonomiser vis-à-vis des tutelles qui l’ont institué. Dès lors, des tensions ont émergé entre ce que nous appellerons les logiques professionnelles d’un côté et les logiques institutionnelles de l’autre. Les travailleurs sociaux s’appuyant sur leurs références professionnelles (expertise et déontologie) pour revendiquer une autonomie dans l’initiative et dans les modalités d’intervention, les institutions gravitant autour de la puissance publique (État, associations subventionnées, collectivités territoriales, etc.) rappelant leurs prérogatives d’employeurs et leurs responsabilités de régulation sociale. Dans beaucoup de pays néanmoins, un certain équilibre avait fini par être trouvé entre ces exigences en tension. C’est cet équilibre qui semble aujourd’hui fragilisé sinon remis en cause.

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François Aballéa est membre de l’AISLF.


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