Hervé Marchal et Jean-Marc Stébé
Hervé Marchal, Jean-Marc Stébé, La ville au risque du ghetto, Paris, Lavoisier, Coll. Sciences du risque et du danger, 2010, 136 p.
L’usage du terme « ghetto » dans les nombreux discours politico-médiatiques conduit à prendre au sérieux les risques sociaux, écologiques et politiques que les villes encourent suite aux processus de ghettoïsation qui les touchent en ce début de XXIe siècle. Les chercheurs en sciences sociales montrent que la ville s’éloigne de plus en plus de la ville historique, à taille humaine et aux frontières bien délimitées, et prend le chemin d’une ville informe, fractale, s’étendant à l’infini et où les flux transgressent sans scrupules les frontières nationales.
Mais loin d’être ouvert, lisse et sans entraves, le monde urbain contemporain est à la fois marqué par une forte mobilité et par le succès planétaire du principe séparatif. Les ségrégations sont devenues dans la ville d’aujourd’hui un élément omniprésent, séparant riches et pauvres, classes ouvrières et classes moyennes, étrangers et nationaux, chômeurs et actifs, élites mobiles et indigents sédentaires, ou encore croyants et non croyants. Aussi est-il possible de repérer toute une série d’espaces bien identifiés, circonscrits, voire ghettoïsés : centres-villes gentrifiés, edge cities, quartiers bourgeois, gated communities, Megachurches, bidonvilles, cités HLM précarisées… Ces nombreux espaces ghettoïsés ne représentent-ils pas un risque majeur pour la cohésion et le développement durable des ensembles urbains, l’équilibre entre les pays riches et les pays pauvres, ainsi que pour et le dialogue et la compréhension entre tous les êtres humains.
Hervé Marchal et Jean-Marc Stébé sont membres de l’AISLF.