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Livres parus en 2015

Penser l’oubli après 1945. Voies du silence, voix de l’absence

Fabienne Federini

Fabienne Federini, Penser l’oubli après 1945. Voies du silence, voix de l’absence, Paris, Éditions L’Harmattan, 2015

1945-2015 : alors que la France célèbre le 70e anniversaire de sa libération du joug nazi, Fabienne Federini s’intéresse au processus de l’oubli tel qu’il a pu se construire dès l’immédiate après-guerre, à partir des silences des principaux acteurs de l’époque, parmi lesquels on trouve nombre d’intellectuels.
Il y eut ainsi ceux (Sartre, Mounier) qui, ayant peu fait, ont préféré passer sous silence ce qui fut, au risque de prendre quelques libertés avec l’histoire. Ce silence-là était bien sûr déni. À côté, il y eut ceux (Char, Vernant) qui, ayant fait beaucoup, ont refusé de parler de leurs faits d’armes, ne se prévalant d’aucun droit – eux qui pourtant les avaient tous. Ce silence-ci était refus du mensonge, de l’imposture, parfois. Il se voulait surtout refuge d’une mémoire fidèle au souvenir de leurs camarades « tombés pour la France ».
Or, à l’exception de quelques noms devenus symboles, les autres sont tombés dans l’oubli. C’est pourquoi, il s’agit moins ici d’évoquer une résistance mythique, réduite en général à sa seule geste héroïque, que de donner la parole à ces femmes, à ces hommes qui l’ont incarnée physiquement, quelquefois jusqu’au sacrifice.
Faire entendre la voix de ces « précurseurs clairvoyants », c’est bien sûr les rendre présents. C’est aussi s’interroger sur ce que ce combat politique, mené au nom du genre humain, est encore susceptible de nous apprendre aujourd’hui. Est-il un héritage appartenant résolument au passé ou porte-t-il en lui une
métaphysique le rendant vivant à jamais ? Peut-être est-ce là, dans le choix des réponses apportées, que réside ce que d’aucuns appellent « le devoir de mémoire ».

Docteure en sociologie, Fabienne Federini travaille, dans une perspective historique, sur les conditions et les modalités de l’engagement des intellectuels en temps de guerre. Plus largement, elle s’intéresse aux questions de mobilisation et de violence politiques, y compris en régime démocratique. À titre principal, elle a publié Écrire ou combattre. Des intellectuels prennent les armes (1942-1944), Paris, éditions La Découverte, collection « Textes à l’appui/ Laboratoire des sciences sociales », 2006 ; L’abolition de l’esclavage de 1848. Une lecture de Victor Schoelcher, Paris, éditions L’Harmattan, collection « Les chemins de la mémoire », 1998 ; La France d’outre-mer. Critique d’une volonté française, Paris, éditions L’Harmattan, 1996.

Fabienne Federini, est membre de l’AISLF.


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