Vincent de Gaulejac
Vincent de Gaulejac, Qui est « Je » ? Sociologie clinique du sujet, Paris, Seuil, 2009
La société contemporaine porte à un point inédit l’injonction d’être soi-même, de devenir un « sujet » auteur de sa vie. Jamais il n’a été plus opportun de comprendre comment l’individu né dans l’assujettissement le plus complet (à sa famille, à sa culture, son milieu social) peut devenir un « sujet » libre. Le débat sur la question est souvent enfermé dans l’opposition entre le mythe de l’individu auto-construit et la certitude d’un déterminisme social implacable, entre une psychologie du « moi » oubliant la société, et une sociologie négligeant la conscience et le désir d’être. D’autres livres compliqués ont abordé la question. Celui de Gaulejac a le mérite d’offrir, avec une étonnante clarté, un parcours passionnant à travers les diverses approches du sujet (philosophiques, psychologiques et sociologiques). Il dessine un être humain unifié, où psychique et social interagissent au lieu de s’opposer, où les déterminismes sociaux sont aussi les ingrédients de l’autonomie. On ne naît pas sujet, on le devient ; mais pas tout seul. Il faut vouloir être soi-même, sans tomber dans l’illusion que c’est possible sans les autres, hors des liens à autrui
Vincent de Gaulejac, professeur de sociologie à l’université Paris VII, est notamment l’auteur de La Société malade de la gestion, et Le Coût de l’excellence, aux Éditions du Seuil. Il est l’un des principaux initiateurs d’une sociologie clinique qui combine les apports de la sociologie, de la psychanalyse et de la psychologie pour interpréter les maux des sociétés modernes comme des pathologies sociales.
Il est membre de l’AISLF.